
Un homme avait un b½uf noir d'une force extraordinaire. Son voisin, qui en avait aussi un d'une grande force, aimait les paris. Un jour, au cours d'une foire, devant tous les badauds assemblés, il fit tirer à son b½uf un chariot porteur d'une énorme charge. Puis il s'écria :
- S'il existe un autre b½uf capable de tirer ce char, je donnerai cent pièces d'or à son propriétaire ! Mais, s'il n'y parvient pas, j'empocherai les cent pièces d'or.
Le propriétaire du b½uf noir releva aussitôt le défi. Il attela sa bête puis lui cria :
- Allez, force! Tire, feignant! Qu'attends-tu, sale bête, tire donc !
Mais le b½uf noir eut beau forcer et suer, il ne parvint pas à tirer la charge et l'homme perdit ses cent pièces d'or.
Quelque temps plus tard, le voisin, enhardi, réitéra son pari.
- Cette fois, dit-il, j'offre mille pièces d'or. Le b½uf noir dit alors à son
maître :- Relève le défi et je te gagnerai cette somme !
- Comment oses-tu, répliqua son maître, toi qui m'as déjà fait perdre une fois ?
Mais le b½uf noir lui répondit :
- Devant une foule nombreuse, tu m'as insulté et humilié, me faisant perdre toute confiance. Encourage-moi et tu verras ce dont je suis capable.
Alors le maître brossa son b½uf et orna ses cornes d'une couronne de fleurs. Et, lorsqu'il l'attela, il lui prodigua mille encouragements :
- Porte-moi chance, mon beau ! Je sais que tu en as la force ! Tire, mon ami, tire ce char comme un fétu de paille !
Et, à l'étonnement de tous, le b½uf noir emporta l'énorme charge jusqu'au sommet de la colline.
(D'après une fable bouddhiste)
« Lorsqu'on est humilié, on perd tous ses moyens. Lorsqu'on est encouragé, on arrive à se surpasser. Qui n'en a déjà fait l'expérience ? Bien des siècles avant les recherches en psychologie comportementale, ce conte souligne l'importance du mental sur nos facultés physiques ! (Michel Piquemal).