
Source : "http://www.buddhaline.net/Compassion-et-pardon,913"
"Transcrit à partir du CD de Jack Kornfield sur le pardon. Traduction de Patricia Genoud.
... Quelle que soit l'intensité de certaines circonstances, une transformation du c½ur est possible.
Un jour, dans le train en allant de Washington à Philadelphia, je me suis trouvé assis à côté d'un homme afro-américain qui avait travaillé pour le département d'état en Inde puis avait quitté son poste pour s'occuper d'un programme de réinsertion pour de jeunes délinquants du District de Columbia.
Les jeunes auxquels il avait à faire étaient des membres de gang qui avaient commis des meurtres. Parmi eux il y avait un jeune garçon de 14 ans qui avait tiré sur un jeune innocent et l'avait tué pour faire ses preuves face à son gang.
Au procès, la mère de la victime resta impassiblement silencieuse jusqu'à la fin. Le jeune fut déclaré coupable. Après que le verdict fut prononcé, elle se leva lentement, fixa le jeune du regard et lui dit : "Je vais te tuer ".
Le jeune fut emmené dans un centre pour délinquants et y resta plusieurs années. Après six mois, la mère de l'enfant tué alla rendre visite au détenu. Avant le meurtre, il avait vécu dans la rue, et elle était la seule visite qu'il ait eu. Ils échangèrent quelques mots, et avant de partir elle lui glissa quelques dollars pour qu'il s'achète des cigarettes.
Par la suite elle lui rendit visite régulièrement et lui apporta de la nourriture et des petits cadeaux.
Vers la fin de la sentence de ses 3 ans passés en prison, elle lui demanda qu'est ce qu'il avait l'intention de faire à sa sortie. Il était extrêmement confus et très incertain, alors elle lui offrit du travail dans la société d'un ami. Ensuite elle lui demanda où il allait loger, et parce qu'il n'avait de famille vers qui aller, elle lui offrit l'usage temporaire d'une chambre vide dans sa maison.
Pendant 8 mois il vécut là, mangea la nourriture qui lui était offerte et travaillait à l'endroit qu'elle lui avait trouvé.
Un soir elle l'invita à venir discuter dans son salon, elle s'assit en face de lui et attendit, puis elle commença à parler.
"Te souviens-tu, dans la salle d'audience, lorsque je t'ai dit que j'allais te tuer. "
"Et comment ! Répondit-il."
"Et bien, je l'ai fait"
et elle ajouta :
"Je ne voulais pour rien au monde que ce garçon qui a tué mon fils demeure vivant sur cette terre. J'ai voulu qu'il meure. C'est pour cette raison que j'ai commencé à te rendre visite, que je t'ai trouvé du boulot et je t'ai accueilli chez moi. C'est ainsi que je me suis résolue à te changer. Et ce garçon là, il est mort, bien mort aujourd'hui. Donc maintenant que mon fils est mort et que le meurtrier est mort, j'aimerais te demander si tu serais d'accord de rester. J'ai une chambre et j'aimerai t'adopter si tu le veux bien."
Et elle devint la mère du meurtrier de son fils, la mère qu'il n'avait jamais eu."
A méditer. Il y a un lien entre la citation avec l'homme agissant mal avec le rat d'une part et l'histoire narrée ci-dessus. Il faut retenir qu'il faut chercher à comprendre les individus, leur histoire, les aidant du mieux qu'on peut (bien que ce soit pas toujours évident hélas) afin d'éviter toute "contagion". la contagion dont je parle est le malheur, la souffrance...Evidemment on est tous tentés de "brûler" (éliminer) le rat qui nous dérange par son aspect et ses maladies potentielles dont il est porteur mais...Allons-nous faire le geste juste ?
L'autre aspect est que l'on peut tous changer. Le "Je vais te tuer " terrible du texte(qui n'est pas du tout ce qu'on s'imagine !) on peut tous se le dire. C'est vaincre soi-même. Non cela n'a rien à voir avec le courant "il faut se vaincre soi-même, vaincre sa peur" avant un défi sportif et aventurier au bout du monde. Non, moi c'est plus relevé comme défi !
Dayofdoom qui remercie la terre entière de lui fournir matière pour composer ce blog
